Parmi les oeuvres présentées par PIASA à l'occasion de la vente d'Art Moderne et Contemporain du 3 décembre 2019, revenons plus en détails sur cette acrylique sur toile signée Robert Combas.
Après avoir suivi des études à Sète et à l'école des Beaux-Arts de Montpellier, Robert Combas se fait connaître par sa participation en 1980 à l'exposition "Après le classicisme", organisée au musée de Saint-Étienne. Faisant état des nouvelles tendances de l'art contemporain, elle contribue à l’émergence du groupe de la Figuration libre, auquel appartiennent, outre Combas, les frères Di Rosa, Boisrond et Blanchard. La peinture de Combas étonne par sa force imaginative qui fait s’entrechoquer les univers les plus contradictoires : celui populaire de la bande dessinée et de la culture rock, mais aussi celui de l’histoire de l'art et des traditions religieuses. Dans un style délibérément naïf et plus sophistiqué qu’il n’en a l’air, il multiplie les références, évoquant aussi bien les graffitistes américains, la peinture abstraite de Kandinsky que l’art brut de Chaissac.
Robert Combas (né en 1957)
Les triangles rigolent, chient et pissent (y'a aussi un avion), 1981-1982
Estimation : 40000 / 60000 €
Le ton railleur de Combas, son sens de l’humour et du grotesque deviennent très vite sa marque de fabrique. Formes, figures et mots se contorsionnent ; ils sont déformés, fardés, cernés et envahissent toute la toile dans un style kitsch et truculent. La peinture que nous présentons ici "Les triangles rigolent, chient et pissent (y'a aussi un avion)" (1981-1982), comme l’indique son intitulé, appartient à la période dite des triangles réalisée au début des années 1980. Ces derniers incarnent pour l’artiste des personnages gais et sains, comme l’explique Combas dans un entretien avec Françoise Brutsch et Didier Moiselet en 1985 : « Au départ les triangles sont arrivés d’une manière un peu magique. Ce sont un peu les bons génies de ma peinture. Ils se rapprochent des lutins parce que les lutins, ce sont aussi des bons génies. Ils sont monstrueux parce que c’est le dessin qui le veut mais, en général, ils sont bons, gais et sains. Même quand ils font les pires choses, ils restent sains. A un moment donné, les triangles étaient très sexuels mais ils étaient toujours gais et sains. Les autres gens sont monstrueux ». Dans cette toile qui date du début de la carrière de Combas, l’espace n’est pas encore totalement saturé de coulures, figures et fonds sont encore distincts. Cependant, l’incongru et l’exagération sont déjà de mise, l’esprit de satyre règne en maître et crée un univers pictural immédiatement reconnaissable, celui de Combas qui fera toujours fi des règles et des conventions.
