La carrière d’Aurélie Nemours, dont plusieurs oeuvres seront présentées à l'occasion de la vente du mercredi 22 mai, aura commencé tardivement, à l’âge de quarante ans, tout comme sa reconnaissance par les institutions : ce n’est qu’en 2004 que le Centre Georges Pompidou lui consacre enfin une importante rétrospective, soit un an avant son décès. Figure majeure de l’art construit, Aurélie Nemours est venue à l’art au terme d’un long cheminement, avec un engagement absolu. Après être passée par les ateliers de Paul Colin, André Lhote et Fernand Léger, elle s’oriente vers l’art abstrait à la fin des années 1940 : remarquée au Salon des Réalités Nouvelles par Herbin, elle bénéficie d’une première rétrospective chez Colette Allendy en 1953. Grâce à Michel Seuphor, elle découvre la peinture de Mondrian et dès lors, elle développe dans une série de pastels, Les Demeures, une abstraction géométrique radicale, se caractérisant par un recours exclusif à l’angle droit et l’usage strict du seul noir et blanc. Sa pratique de la peinture, comparable à une ascèse, s’est exercée dans la solitude, avec constance et rigueur.
Lot 48 - Aurélie Nemours (1910-2005)
Angle noir, circa 1970
Gouache sur papier
Signé au dos
23 x 30 cm
Estimation : 6 000 - 8 000 €
Aurélie Nemours a développé dans ses séries un langage géométrique très épuré, marqué par l’utilisation des aplats ou des signes, et la recherche du rythme. Une oeuvre comme Angle noir (lot 48), est divisée en trois registres colorés de formats rectangulaires. Dans un espace strictement bi-dimensionnel, leur agencement crée un réseau d’angles droits où formes, directions et couleurs trouvent un parfait accord. De leurs proportions et dispositions dans l’espace naît un sentiment de rythme et d’équilibre. Avec la série Le tour de la droite (lots 49 et 50) Aurélie Nemours montre son approche de la couleur par le vide : l’espace central blanc de la toile, laissé comme vierge, est révélé par des lignes de couleurs primaires qui le cernent délicatement sur tous les bords. Amener le spectateur à faire l’expérience du vide, telle est le souhait d’Aurélie Nemours pour qui « le vide n’est pas le rien, mais la plénitude, et la ligne ne doit pas être approximative, elle doit être aussi précise que possible dans son rapport au vide ».
Lot 50 - Aurélie Nemours (1910-2005)
Le tour de la droite, 1981
Gouache sur papier
Signé et daté au dos
33.5 x 25.5 cm
Estimation : 7500 - 9500 €
Les œuvres d’Aurélie Nemours, derrière leur radicalisme, cachent une intériorité et un mysticisme qui témoignent avant tout d’une véritable quête spirituelle : « On pourrait croire en voyant mon travail que je tiens une rigueur, mais tout cela s’est fait par une nécessité, par une loi. Et la loi n’est pas un enfermement. Elle est au contraire quelque chose de superbe, qui ne peut que vous élargir. »

