A l'occasion de la vente d'Art Contemporain Africain qui aura lieu le mercredi 15 mai à 18h00, une acrylique sur bois unique de l'artiste ghanéen El Anatsui sera proposée aux enchères.
Artiste mondialement connu et reconnu, El Anatsui puise son inspiration dans les traditions africaines de recyclage et de détournement d’objets manufacturés, de matériaux pauvres ou recyclés. L’utilisation de matériaux ayant déjà vécu une vie utilitaire permettant de créer des connections avec les personnes ayant touché l’objet. En 2015, il a reçu le Lion d’or pour l’ensemble de son œuvre, lors de la 56e Biennale d’Art de Venise, organisée par le commissaire nigérian Okwui Enwezor, décédé en mars 2019.
Les œuvres d’El Anatsui interrogent les échanges, le commerce, la destruction et la transformation des matériaux, symboles des événements traversés par le continent africain. Au début de sa carrière, il travaille à la sculpture, principalement le bois, qu’il sculpte à la tronçonneuse et qu’il marque au feu en un processus semblable à un rituel. Ses premiers travaux sont des signes tracés en creux sur des plateaux en bois utilisés par les femmes au marché. Les très grandes sculptures faites de planches gravées, à demi peintes à la tempera et à demi-brûlées, révèlent son goût pour la peinture et la couleur. Bien qu’il absorbe la tradition artistique nigérienne de Nsukka, El Anatsui reste attaché au Ghana. Il expérimente l’installation en bois pour créer des sculptures sur lesquelles il intègre les motifs Uli, aussi bien que les motifs adinkra des vêtements ghanéens.
Lot 67 - El Anatsui (né en 1944, Ghana)
Crowd awaiting, 1988
Acrylique sur bois
68 x 158 cm
Provenance : Vente Bonhams Londres du 5 octobre 2017
Estimation : 20 000 - 30 000 €
Ces œuvres évoquent la façon dont les individus et les cultures sont constitués de parties hétérogènes. En intégrant des signes indigènes dans sa sculpture il explore et donne à s’interroger sur l'histoire africaine. Anatsui considère que l’histoire de l’Afrique écrite par des étrangers a fait beaucoup de tort aux vraies histoires de ses peuples. Les questions concernant les origines de l'historiographie sont problématiques dans ces parties d'Afrique Subsaharienne qui sont considérées par les étrangers comme dépossédées de systèmes développés d’écriture, et dépourvues de textes écrits. Anatsui emploie les langues et les systèmes visuels indigènes pour répondre à ce genre de critiques et manifeste que les lacunes historiques peuvent être comblées par un acte d'imagination créatrice. Les lacunes qui persistent sont représentées métaphoriquement par des vastes zones de bois roussi sur la sculpture. El Anatsui indique également que le roussissement du bois représente les dommages spirituels infligés aux peuples africains par l'oppression de la domination coloniale.
D’après Stéphanie Vergnaud (EHESS)
