Pierre Jeanneret naît le 22 mars 1896 à Genève, en Suisse. Son cousin germain, de 12 ans son aîné, n’est autre que Charles-Edouard Jeanneret dit Le Corbusier. Jeune homme, Pierre se forme à l’école des beaux-arts de Genève où il obtient le premier prix d’architecture, de sculpture et de peinture. En 1921, l’apprenti architecte s’installe à Paris et intègre d’abord l’atelier d’Auguste Perret.
Seulement un an plus tard, Pierre Jeanneret se rapproche du Corbusier, dont la réputation commence à s’établir dans la capitale. Les deux hommes entament une collaboration fructueuse et installent leur bureau d’architecture rue de Sèvres. Le Corbusier écrit : « Je me suis associé à mon cousin Pierre. Avec loyauté, optimisme, initiative et persévérance et aussi avec bonne humeur, nous nous sommes mis au travail. Deux hommes qui se comprennent sont plus forts que cinq autres qui sont seuls. » Auprès de son cousin et ami qu’il admire, Pierre affirme son identité artistique et précise sa vision de l’architecture. Il refuse toute compromission avec le conservatisme d’avant-guerre et aspire à une approche nouvelle de la création architecturale. Ainsi, Le Corbusier et Jeanneret écrivent ensemble leur manifeste, Cinq points de l’architecture moderne. Ils formulent les caractéristiques du bâtiment moderne par excellence, à savoir : pilotis, toit-terrasse, plan libre, fenêtre en bandeau et plan libre. Dès lors, ces cinq éléments se retrouvent dans les nombreuses constructions des deux architectes, dont la célèbre Villa Savoye achevée en 1931.
Pierre Jeanneret est indispensable au Corbusier. D’une part, il lui apporte la contradiction sur certains projets et incite son génie à se dépasser. D’autre part, Pierre Jeanneret est le chef de l’atelier et, à ce titre, cultive particulièrement le goût du travail manuel et plastique des matériaux bruts. À cet égard, c’est l’architecte Charlotte Perriand qui a la formule la plus juste : « Le Corbusier c’était l’homme de communication, le philosophe aussi. Pierre Jeanneret, c’était l’ombre, l’homme technique. Mais c’était une osmose, ils étaient nécessaires l’un à l’autre. »
En 1951, Le Premier ministre indien Nehru invite le Corbusier à construire intégralement la nouvelle capitale du Pendjab, Chandigarh. Bien qu’ils ne travaillent plus ensemble dans le même atelier depuis le début de la Seconde Guerre Mondiale, Le Corbusier fait appel à Pierre pour réaliser ce projet monumental. Ce dernier devient alors urbaniste officiel de l’État Indien et se charge personnellement du mobilier. Le travail de Jeanneret à Chandigarh témoigne de l’acmé de sa collaboration avec Le Corbusier mais aussi du soucis de toujours concilier avec harmonie l’architecture moderne à la réalité du paysage indien. Pierre Jeanneret fiance les matériaux exotiques qu’il découvre en Inde aux formes épurées caractéristiques du style Corbusier.
L’architecte demeure 15 ans en Inde pour superviser le programme pharaonique de Chandigarh. Dans le même temps, il dirige l’école d’architecture de Chandigarh et transmet ainsi aux étudiants indiens la conception et l’expérience de son travail. Cet engagement témoigne de l’affection qu’il éprouvait pour le pays et la population indienne. Pierre Jeanneret s’éteint en 1967, peu de temps après son retour à Genève.