Après ses très bons résultats lors de la vente de la collection Daniel Varenne les 22 et 23 octobre 2019, le département d’Art moderne et contemporain de PIASA présente le mardi 3 décembre 2019 une nouvelle sélection d’artistes parmi les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle.
Cette vacation constitue un reflet fidèle du dynamisme et de l’inventivité de la production artistique depuis l’immédiate Après-guerre. Représenté ici par les œuvres emblématiques d’Arman, de César, le mouvement du Nouveaux Réalisme sera particulièrement bien mis en lumière. Traduisant les réflexions plastiques et esthétiques des années 1960, il influence toute une génération d’artistes jusqu’à aujourd’hui.
Soucieux de faire dialoguer les époques et les scènes artistiques, la sélection proposera également des œuvres d’artistes comme les américains Mike Kelley et Robert Longo, le coréen, établi à Paris depuis 1990, Lee Bae ou encore le sculpteur grec Takis décédé en août 2019.
Nouveaux Réalistes
Les années 1960-1970
Fondé en octobre 1960 dans l’atelier d’Yves Klein, le groupe des Nouveaux-Réalistes, parfois considéré comme le pendant français du Pop Art américain, expose pour la première fois à la galerie Apollinaire à Milan. Que ce soit avec des assemblages et des accumulations, l’incorporation des éléments de la réalité quotidienne dans leurs œuvres traduit la prégnance de l’influence de Marcel Duchamp sur cette génération d’artistes.
César
Après une formation à l'École supérieure des Beaux-Arts de Marseille, l’artiste suit des cours à partir de 1943 à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. La charge financière que représente la sculpture sur pierre oriente l’artiste vers des matériaux moins onéreux comme le plâtre et le fer. Faisant suite à une exposition à la galerie Lucien Durand en 1954, l’acquisition par l’État d’une sculpture intitulée Le Poisson constitue un jalon déterminant dans le succès public du sculpteur qui participe en l’espace de trois ans à la Biennale de Venise, à celle de São Paulo puis à la Documenta II.
La matière et ses potentialités plastiques constituent l’épicentre des réflexions de l’artiste.
Ses Expansions trouvent leur origine dans la découverte hasardeuse d’un processus chimique testé lors d’essais de fabrication des empreintes humaines. Elles résultent d’un mélange de mousse de polyuréthane et de fréon qui produit un important gonflement de la matière qui se fige en se solidifiant.
Réalisée en 1967, l’œuvre proposée à la vente date des premières recherches de César dans ce domaine. La mousse débordant d’un verre à pied, coulée en polyester translucide, teintée dans des tonalités orange et brûlée en surface. L’effet de surprise produit n’éclipse pas la beauté esthétique de l’œuvre.
César (César Baldaccini dit) (1921-1998) Expansion verre brulé, 1967
Estimation : 30000 / 40000 €
La série des Compressions de l’artiste fut initiée en 1960, après qu’il découvre chez un ferrailleur de Gennevilliers une presse hydraulique américaine géante qu’il exploitera comme un outil artistique. Dans Compressions de couverts (1975), les objets en inox s’imbriquent selon une volonté marquée de composition.
César (César Baldaccini dit) (1921-1998) Compression de couverts, circa 1975
Estimation : 35000 / 45000 €
L’esthétique soignée de cette œuvre tranche avec la Compression murale de 1976, témoignant d’un regain d’intérêt de l’artiste pour les déchets et les matériaux usés.
Arman
A l’issue d’une formation à l’École des Arts Décoratifs de Nice puis à l’École du Louvre, ce fils de marchand de meubles et d'antiquités rencontre Yves Klein à Nice en 1947.
En octobre 1960, la galerie d'Iris Clert présente le travail de l’artiste dans une exposition (Le Plein), contrepoint de celle organisée deux ans plus tôt (Le vide) dédiée à Yves Klein.
Arman (Armand Fernandez dit) (1928-2005) Sans titre, 1970
Estimation : 40000 / 60000 €
A partir de 1961, devenu l’un des fondateurs du Nouveau Réalisme, au côté du critique Pierre Restany, l’artiste partage sa vie entre l’effervescence new-yorkaise et la ville de Nice qui l’a vu naître.
Figuration libre et narrative
Les années 1980
Dans le milieu des années 1980, plusieurs artistes comme Robert Combas, Hervé Di Rosa ou Rémi Blanchard, dans le prolongement de l’Art Brut, décloisonnent des formes d’expressions. Ils sont à l’origine d’une évaporation de la hiérarchie entre les cultures populaires et élitistes.
Robert Combas (né en 1957)
 rebours d’un art conceptuel alors omniprésent, l’esthétique que Robert Combas développe dès son entrée à l'école des Beaux-Arts de Montpellier propose une redéfinition de l’utilisation de l’espace, de la couleur et de la figuration.
En parallèle de sa passion pour le rock’n roll, il fonde avec Catherine Brindel et Hervé Di Rosa, originaire de la ville de Sète lui aussi, la revue Bato.
Au cours de l’été 1981, Ben invite Robert Combas et Hervé Di Rosa a exposer leurs dernières créations dans sa galerie niçoise.
Robert Combas (né en 1957)
Les triangles rigolent, chient et pissent (y'a aussi un avion), 1981-1982
Estimation : 40000 / 60000 €
A la confluence de l’imagerie populaire, de la bande dessinée, de la culture rock, mais également de l’histoire de l’art et des traditions religieuses, le travail de l’artiste fait l’objet d’une rétrospective remarquée en 2012 au musée d'art contemporain de Lyon.
Jacques Monory
Déjouant l’écueil d’une critique systémique de la société de consommation en germe dans l’iconographie du Pop Art américain, Jacques Monory oriente sa peinture en direction d’un quotidien froid et parfois violent.
Auteur d’une œuvre qui s’inscrit pleinement dans le retour à la figuration, il participe à l’exposition Mythologies quotidiennes au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1964.
Le fond monochrome bleu dans lequel il fait baigner ses tableaux maintient à distance la réalité.
Jacques Monory (1924-2018)
Rio-Cachan, Fragile n°11, n°801, (deux parties), 1989
Estimation : 50000 / 70000 €
Réalisé en 1989, Rio-Cachan, le tableau proposé à la vente, fait partie de la série Fragile. Il figure des lieux déshumanisés où sont inventoriés les objets constituant le répertoire des obsessions et des fantasmes de l’artiste (armes, automobiles, femmes fatales, jardins et bâtiments désertés…).
Le collectif Equipo Crónica
Crée en 1965 par Rafael Solbes, Manolo Valdés et Juan Toledo, le groupe Equipo Crónica fait une entrée remarquée dans le monde de l’art en 1967 lors du Salon de la Jeune Peinture.
Leurs œuvres résultent de l’association subversive et corrosive de citations issues de chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art mais aussi de l’imagerie populaire.
Equipo Cronica (Collectif fondé en 1964) Rafael Solbes (1940-1981), Manolo Valdès (né en 1942), Juan Antonio Toledo (1940-1995)
Fiesta en Venecia, 1980
Estimation : 60000 / 80000 €
Le franquisme, la répression sociale et culturelle furent également les thèmes privilégies par le groupe, notamment à travers d’une exposition organisée en 1977 par la galerie Karl linker.
Claude Viallat
Né à Nîmes où il vit aujourd’hui, Claude Viallat a étudié à l’école des Beaux-Arts de Montpellier puis à celle de Paris.
Il s’installe à Nice tout en enseignant à l’école des Arts Décoratifs, où il rencontre certains artistes de l’École de Nice (Arman, Ben, Bernar Venet). Au cours de l’année 1966, il élabore son procédé qui consiste à travailler avec une seule et même forme, sorte de haricot apposé en imprégnation sur une toile non tendue et non apprêtée, à intervalle régulier.
Claude Viallat (né en 1936) Sans titre, n°069, 1978
Estimation : 40000 / 60000 €
Son œuvre interroge les composantes de l’acte pictural et recourt à des procédés de teinture pour colorer la toile. Proche un temps du mouvement Support-Surface, il prend néanmoins ses distances à partir de mai 1971 à la suite de nombreux désaccords.
Art Contemporain
Robert Longo
La télévision, le cinéma, les bandes dessinées constituent pour le jeune new-yorkais Roberto Longo un répertoire d’images, de couleurs et de formes.
Robert Longo (né en 1953)
Black Flag #2, 1981
Estimation : 30000 / 40000 €
L’artiste connaît ses premiers succès dans les années 1980 avec sa série Men in the Cities figurant des hommes et des femmes sur fond immaculé adoptant des positions contraintes, contorsionnées.
Lee Bae
L’univers pictural et abstrait de l’artiste coréen Lee Bae gravite autour du pouvoir évocateur du charbon de bois comme dans cette œuvre réalisée en 2006.
Lee Bae (né en 1956) Sans titre, 2006
Estimation : 15000 / 20000 €
Images mentales, les formes qui apparaissent à la surface de ses œuvres véhiculent un sentiment d’une sérénité emprunte de spiritualité́. Né en 1956 à Chung-Do en Corée de Sud, il vit et travaille à Paris depuis 1990. Alliant la poésie au silence, son œuvre a fait l’objet d’une exposition à la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence.
Mike Kelley
Né dans la banlieue de Détroit, Mike Kelley est l’auteur d’une Œuvre qui combine plusieurs médiums (peinture, sculpture, performance et vidéo). Le Whitney Museum a présenté son travail dans le cadre d’une ambitieuse rétrospective en 1993.
L'Animation 6 (baby), présentée lors de cette vente que nous présentons ici, contient l'image emblématique d'une ville embouteillée de la série Kandor de Mike Kelley. Kandor est la capitale de la planète d'origine du héros de la bande-dessinée, Krypton, de Superman, miniaturisée par nemesis Braniac et conservée dans un flacon par Superman.
Avec la sensibilité pop de ses images de style bande-dessinée et les petits bruits de bébé émanant de la bouteille, Mike Kelley explore notre mythologie de la culture pop pour créer l'œuvre psychologiquement fascinante Animation 6 (Baby).
Mike Kelley (1954-2012) Animation 6 (Baby), 2007
Estimation : 30000 / 40000 €
